LES METIERS DU SANITAIRE ET DU SOCIAL
La Région Grand Est s’engage en faveur des métiers du sanitaire et du social
1. Le mot de l’élue référente : Valérie DEBORD
2. Chantal MAZAEFF, directrice de l’école supérieure de Praxis à Mulhouse
3. Jérémy Fournier, Chef des services d’aide et de soins à domicile à l’ASIMAT de Troyes
√ Le mot de l’élue référente : Valérie DEBORD Vice-Présidente de la région Grand Est, déléguée à l’emploi, la formation, l’orientation et l’apprentissage
Valérie DEBORD – © Crédit photo : Valérie DEBORD
Valérie Debord, vous êtes la vice-présidente de la région Grand Est, déléguée à l’emploi, la formation, l’orientation et l’apprentissage. De formation et d’emploi, il en sera question dans cette interview. Nous allons parler ensemble des métiers du sanitaire et du social, un secteur qui offre une variété de métiers précisément considérables…
Oui, énorme ! De l’infirmière à l’aide-soignante en passant par l’auxiliaire de vie mais également toutes les personnes qui sont autour de l’assistance et puis tous les secteurs du paramédical, nous voyons que c’est une gamme de métiers qui est énorme et qui a surtout besoin, dans les années à venir, de beaucoup de renouvellement parce que nous sommes sur une pyramide des âges assez élevée. Nous devons recruter 330 000 personnes dans les années à venir, pour ces métiers.
La région Grand Est qui est très impliquée dans ce secteur et plus particulièrement pour faciliter l’accès aux formations des métiers du sanitaire et du social.
Depuis 1986, les régions ont cette compétence sur la formation de ces métiers. Une compétence qui se décline avec un budget extrêmement conséquent, 115 million d’euros chaque année, pour financer toute la partie pédagogique des formations, pour les étudiants boursiers (financement des bourses) et puis les investissements. Il y a plus de 130 lieux de formation sur l’ensemble de la Région. Des lieux qui sont principalement sur les territoires ruraux, pas du tout dans les grands centres urbains, et des lieux où vous faites les formations d’infirmier et d’aide-soignante
Un guide des aides disponibles.
Nous avons souhaité mettre en place un guide qui permet de s’orienter, parce que ça peut paraître des fois un peu un maquis ces métiers du sanitaire, du médico-social, pour savoir ”où je veux m’orienter ?” aussi en fonction de votre statut. Si vous êtes un jeune qui sort du système solaire ou si vous êtes une personne qui souhaite reprendre un emploi après avoir élevé vous enfants ou si vous êtes un demandeur d’emploi qui souhait s’orienter vers ce métier-là, si vous souhaitez les exercer par la voix de l’alternance… Ce sont des statuts différents, des accompagnements différents, des modalités de diplôme. Nous avons mis en place ce statut que vous pouvez retrouver sur le site de la région.
Et des bourses que l’on peut solliciter…
En fonction des critères boursier, vous pouvez solliciter une bourse dans les métiers du sanitaire du médico-social. Nous attribuons un peu plus de 6 000 par an.
Professionnaliser ses métiers et faciliter l’accès aux formations, c’est tout l’enjeu de la région Grand Est et pour faire face aux besoins en main d’oeuvre qui ne cesse de croître, Valérie Debord, qu’est-ce que vous avez envie de dire à nos auditeurs qui pourrait être tentés par ses formations initiales ou en reconversion ?
Ce qui est important à savoir, c’est qu’il y a des passerelles entre les métiers. Vous pouvez commencer comme aide-soignant puis suivre une formation d’infirmier, puis vous spécialiser en tant qu’infirmier. Il y a une évolution possible et ce qui est important pour nous, c’est de faire en sorte d’attirer l’ensemble des publics, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes. Les gens qui ont plus de 50 ans, ont tout leur place dans ces métiers et au contraire, ils sont recherchés parce que ils possèdent une forme de sérénité, de rapport au corps. Quand vous travaillez avec des personnes âgées, qui à un moment ou un autre vont pouvoir être dénudées, c’est un rapport au corps, qui est des fois plus facile à gérer pour une personne plus âgée que pour un jeune. Il y a de la place pour tous ! Il y a des possibilités d’évolution professionnelle pour tous et surtout il y a du travail sur tous les territoires
Reportage réalisé par Franck JEHL – AZUR FM
√ Chantal MAZAEFF, directrice de l’école supérieure de Praxis à Mulhouse
Ecole supérieure de Praxis sociale à Mulhouse – © Crédit photo : Praxis
Chantal MAZAEFF, vous êtes la directrice de l’école supérieure de Praxis sociale à Mulhouse. Praxis, c’est un centre de formation dédié aux métiers du social et du médico-social.
Nous sommes un centre de formation pour différents métiers, d’une part les métiers de proximité (accompagnant éducatif et social, les techniciens d’intervention sociale et familiale) des métiers pour travailler auprès de publics, des métiers de l’intervention sociale (éducateur spécialisé, assistant social, éducateur de jeunes enfants) et des métiers de l’encadrement (chef de service, ingénierie de projet). En résumé, les métiers de la petite enfance à l’accompagnement des personnes dépendantes et des personnes âgées au domicile ou en établissement. A l’échelle du Grand Est, il y a un certain nombre d’établissements de formation. Où que l’on habite on aura une formation pas loin de chez soi.
Il y a une réelle crise autour de ces métiers de l’humain. Les besoins sont considérables. Il faut former. Quel est le profil de vos étudiants ou des alternants qui partagent leur temps entre l’entreprise et le centre de formation ?
Nous traversons aujourd’hui une crise importante dans les entreprises pour trouver du personnel qui puisse répondre aux besoins et parfois aussi des difficultés pour que les gens puissent intégrer les formations. Ces formations et les profils qui intègrent nos formations se sont des étudiants en formation initiale et des personnes qui sont dans des processus de reconversion qui parfois ont envie de changer de voie, volonté de retrouver du sens mais aussi de retrouver de l’emploi facilement, parce que nous sommes vraiment dans des métiers qui recrutent. Aujourd’hui ces formations ont une durée comprise entre 12 et 36 mois. Il faut souligner que ce sont des formations en alternance. Par exemple pour les accompagnants éducatifs et sociaux, ils sont trois semaines en entreprise au contact des publics, dans la réalité du monde et puis une semaine à l’école, en formation, où là on va travailler sur ce qu’ils vivent dans les entreprises.
Un diplôme à la clé.
L’intérêt de ces formations (une quinzaine de formations), elles donnent toutes l’accès à un diplôme qui en général, un diplôme d’état. L’intérêt d’un diplôme, c’est qu’il permet une reconnaissance, un statut, une possibilité d’évoluer grâce à la formation continue.
Aujourd’hui c’est vrai, il y a une prise de conscience de l’importance de ces métiers du sanitaire et du social.
Une prise de conscience qui démarre localement mais qui va jusqu’au Ministère de l’action sociale. Il y a plusieurs mesures qui ont amené une revalorisation salariale pour certains de ces métiers. Les métiers de l’aide à domicile vont être revaloriser et surtout une réflexion qui est menée sur la question des conditions et de la qualité de vie au travail.
Comment s’informer ou rejoindre l’une de ces formations ?
Plusieurs voix pour avoir accès à l’information. Il y a des salons des métiers sur tous les territoires (cf forums d’orientation). Il y a le portail de la Région (Grand Est) sur lequel vous trouverez toutes les formations qui sont présentées, développées par la Région au sein de notre établissement, bien sûr, Pôle Emploi, les Missions Locales et les sites des écoles et les journées portes-ouvertes qu’organisent les différents centres de formation. Pour intégrer les formations, il y a différentes modalités : soit vous passez par un entretien, ce qu’on appelle de positionnement qui permet d’évaluer le besoin de formation, soit par des épreuves d’admission.
Des métiers qui recrutent avec un partenariat ”centre de formation/entreprises du secteur”.
Ce sont des formations qui sont toutes en alternance. La moitié de la formation se fait dans des entreprises, auprès des employeurs, et il y a un lien très fort entre les entreprises et les centres de formation, ce qui amène des personnes qui rentrent en formation avec un statut d’étudiant, pas rémunérée, a basculé en apprentissage pendant la formation et ce qu’il faut souligner, c’est que les personnes qui sont formées sont toutes sûres d’avoir un emploi à la sortie de la formation.
Reportage réalisé par Franck JEHL – AZUR FM
√ Jérémy Fournier, Chef des services d’aide et de soins à domicile à l’ASIMAT de Troyes
Jérémy Fournier, Chef des services d’aide et de soins à domicile à l’ASIMAT de Troyes, qu’est-ce que l’ASIMAT ?
L’ASIMAT, c’est une association à but non lucratif qui se décompose en deux pôles : un pôle établissement avec cinq Ehpad et une résidence autonomie et un pôle domicile que je dirige : le service de soins infirmiers à domicile qui est situé à l’hôpital, les services à domicile PA (Personnes Agées) et PH (Personne en situation d’Handicap) ainsi qu’un service nuit et enfin on a également une association dite ”petite sœur” qui est l’association ASSMAT qui propose des services à domicile et qui se décompose par un service mandataire et un service ”trois fois plus” qui gère tous les services plus : jardinage, gardiennage d’enfants, portage de repas, bricolage…
Dans l’aide à domicile, deux grands métiers se dégagent : le métier d’aide à domicile et celui d’auxiliaire de vie. En quoi consiste le métier d’aide à domicile ?
On intervient au domicile des usagers pour subvenir à leurs besoins que ce soit l’aide à la toilette, l’aide au repas, les courses, le ménage. On peut faire des jeux d’éveil avec les usagers, on peut faire du tricot, on peut les accompagner au cinéma… C’est tout au long de la journée, on intervient pour le maintien à domicile des usagers, quelle que soit la pathologie. A l’ASIMAT, on n’intervient pas que pour les personnes âgées, on intervient aussi pour les personnes en situation d’handicap suite à un accident, suite à une maladie, de 18 à 60 ans.
Côté profil, Il ne faut pas forcément de diplôme pour être aide à domicile.
A l’ASIMAT, on accompagne les gens dans la formation. Après il faut avoir l’envie d’aider les gens, ce côté social, mais il faut avoir aussi des disponibilités parce qu’on intervient de 7h30 jusqu’à 20h30. On est amené aussi à travailler un week-end sur deux et bien évidemment c’est quand même un critère important d’avoir le permis de conduire et un véhicule. Après il faut être conscient dans les critères, on intervient pour la toilette des usagers, donc il y a également cette question de nudité, le toucher du corps, et puis ne pas avoir également d’a priori sur les pathologies.
Il existe des difficultés de recrutement ces dernières années ?
Le COVID ne nous a pas du tout aidé dans ce recrutement. On fait plein de choses, des interventions, des réunions, des informations collectives auprès des demandeurs d’emploi ; on met en place des formations mais nous avons très peu de candidatures. Aujourd’hui, c’est important de dire qu’on a beaucoup plus de demandes de prises en charge d’usagers, que de candidats en face, ça veut dire qu’on ne peut pas prendre tout le monde.
Quels sont les débouchés de ce métier ?
Quand vous postulez en tant qu’aide à domicile, on va vous accompagner vers des formations qui vont être diplômantes, soit vers un diplôme d’assistante de vie aux familles, soit vers un diplôme d’auxiliaire de vie. Une fois en poste, vous pouvez prétendre soit une VAE (Validation des Acquis de l’Expérience), soit une formation d’aide-soignant. On peut vous faire évoluer soit vers un service de soins infirmiers à domicile soit en structure. Une fois que vous êtes aide-soignant, vous avez la possibilité de reprendre une formation d’infirmière.
Reportage réalisé par Barbara BAUDIN – THEME RADIO
√ Stéphanie THIEBAUT, en formation d’aide-soignante dans le cadre d’une reconversion professionnelle
Stéphanie THIEBAUT – © Crédit photo : Stéphanie THIEBAUT
Stéphanie Thiebaut, vous suivez actuellement une formation d’aide-soignante à l’Institut Sant-Est à Nancy. C’est un choix mûrement réfléchi, qu’est-ce qui vous a mené vers cette formation dans le secteur du sanitaire et du social ?
Depuis 4 ou 5 ans j’avais déjà envie de changer de voie. J’ai toujours aimé prendre soin des autres, que ce soit dans la vie personnelle, que professionnelle. Un événement personnel m’a conforté dans mon choix et il m’a permis de me rendre compte que j’étais capable de passer le cap et de passer à autre chose.
C’est une reconversion professionnelle, puisque vous venez d’un autre univers ?
Un univers complètement différent. J’étais coiffeuse pendant 27 ans. Au quotidien je prenais soin de mes clients mais j’avais envie de le faire d’une manière plus utile et beaucoup moins futile. Même si on enlève la partie médicale, les deux métiers sont assez similaires dans le ”prendre soin”, dans la ”bienveillance”, la ”réassurance”. Nous devons être à l’écoute de nos clients comme de nos patients, dans le non-jugement. Ça m’a permis de me dire que j’avais envie de continuer dans cette voie mais d’une autre manière.
Pour vous, c’est la recherche du contact, de l’empathie, de la bienveillance au travers de cette reconversion ?
Tout à fait ! Je pense que si naturellement on a déjà ses compétences, le sanitaire et social est fait pour nous.
Qui dit reconversion professionnelle, dit formation, est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur le contenu de cette formation, son déroulé ?
Il faut déposer un dossier d’inscription, pour ma part à Sant-est IFAS. Une fois que vous être admis à l’école, le cursus est de 10 mois avec 6 mois de stage dans des structures diverses et des établissements divers. Il y a 4 mois d’école aussi en alternance. Avec la crise sanitaire, pour notre part, ça a été fait en distanciel mais nous avons quand même réussi. Il y a 8 modules à passer. Des examens écrits et à noter depuis septembre il y a un nouveau référentiel de compétences. Le cursus change légèrement mais le principe de l’alternance reste le même, pour alterner école (cours dispensés par Sant’Est IFAS) et la mise en pratique professionnelle dans les différentes structures.
Quel message souhaitez-vous adresser à ceux qui voudraient faire la même démarche que vous, en reconversion professionnelle vers le job d’aide-soignant ?
Je leur dirai de ne pas hésiter ! Il ne faut pas avoir de regrets sur le fait de ne pas l’avoir fait. Il faut avoir le courage de passer le cap de la reconversion et surtout en sachant que 100 % des diplômés trouvent un travail en fin de cursus. Pour ma part j’ai déjà fait des 5 mois de stage dans des structures diverses qui m’ont apporté beaucoup pour l’évolution de mes compétences mais ce qui m’a motivé c’est le fait de savoir que c’est un métier qui va nous faire évoluer dans nos connaissances toute notre carrière.
Reportage réalisé par Hervé JACQUINET – GRAFFITI
Un reportage réalisé par les radios associatives avec le soutien de la région Grand Est